- Résumé
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« Un texte artistique n'est pas la copie d'un système : il s'ordonne à partir des réalisations signifiantes et des non-réalisations signifiantes de ses exigences ». C'est le second critère évoqué dans cette citation de Iouri Lotman qui, par un hasard qui n'en n'est peut-être pas un, se trouve plus particulièrement illustré dans ce troisième volume consacré à Événement et prose narrative, puisque les études présentées mettent largement en évidence l'absence de « sujet »; le « non-événement », faute de « transgression de la frontière ». Les théories naturalistes de Zola, dans la mesure où elles fondent son « image du monde » sur un déterminisme social, objet précis de sa représentation littéraire, rendent caduque, avant la lettre, toute possibilité de transgression pour le personnage, et pour le texte de se constituer en texte à « sujet ». Carpentier, homme des symbioses et du « réel merveilleux », ne cherche pas à modifier la loi d'unité qui préside à sa culture d'origine, s'abstenant dans Le Partage des Eaux de choisir entre deux mondes opposés, le moderne et l'ancien, pour en faire à l'inverse le lieu de jonction entre les cultures et les temps, Marsollier, au théâtre, programme un monde d'union des contraires à partir d'une inspiration maçonnique qui conçoit l'identité humaine à la fois comme revendication de la totalité indivise, et l'accès au spirituel comme fusion de toutes les différences et abolition de toute frontière entre elles. Dans la relation entre l'être et le monde qui l'entoure, certaines nouvelles de Maupassant montrent que le personnage ne vit pas d'événement et confirme son impossibilité à toute ouverture sociale. Le « merveilleux-scientifique » qui caractérise le fantastique chez Lovecraft révèle l'impossibilité de la séparation entre espace rationnel et espace mythique. Tel est ici le corpus d'expérimentation proposé pour mesurer l'efficience de la méthodologie de Lotman.
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