- Résumé
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« Roman du retour », Aurélien représente le désarroi consécutif à la Grande Guerre, désigné dans les années vingt comme un « nouveau mal du siècle ». Figure du désœuvrement et du désengagement, le personnage éponyme est au cœur de la réflexion romanesque sur l'impact de la guerre sur la figuration de soi et la perception du réel. La dépersonnalisation, notion empruntée à la psychiatrie, permet ici de cerner au plus près la dérive subjective du survivant dans un monde déréalisé. C'est par le choix d'une forme narrative spécifique qu'Aragon aborde la question d'une mémoire blessée par la guerre. Le travail sur la disjonction temporelle, la répétition et le leitmotiv, sur le hasard, embrayeur fictionnel et signe du dysfonctionnement de la causalité, sur la thématique de l'identité ont été retenus dans cette étude comme caractéristiques de l'écriture aragonienne de l'histoire. Ecrit en marge des circonstances de la rédaction, l'Occupation, Aurélien permet de repenser les rapports de l'écriture à la guerre, écriture qui, dans ses troubles et ses plis, mime, par empathie, la débâcle des survivants tout en effectuant un travail de cicatrisation, de remembrement, d'apaisement.
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- Auteur(s)
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Carine TRÉVISAN
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