- Résumé
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L’empire perse achéménide fascine les Grecs, qui le perçoivent de façon très déformée, et qui comprennent mal son fonctionnement. Au ve siècle avant J.-C, son observation alimente leur réflexion politique, parallèlement à la stasis, terme par lequel ils désignent les conflits internes de leurs cités. Dans ce double exercice, Hérodote, les Tragiques et les Sophistes pensent le politique, et ils préparent la naissance de la théorie politique au siècle suivant. Le débat sur la meilleure constitution en procède : Hérodote le projette sur les conjurés perses de 522 (III, 80-82). La crise qui éclate cette année-là dans l’empire perse tient à ce que la succession de Cyrus, mort en 530 avant J.-C., n’était pas réglée, bien qu’il ait désigné son fils Cambyse pour lui succéder. Ce dernier a probablement compromis lui-même ce processus, en faisant éliminer son frère Bardiya, en dévoyant à cette fin le rituel originellement babylonien du substitut royal, ignoré des Grecs en tant que tel, mais transformé par eux de façon totalement inconsciente sur le mode du dédoublement et de la ressemblance. L’instrument de cette machination, le mage Gaumāta, était devenu Bardiya, en vertu même du rituel, et il a prétendu régner à la place de Cambyse avant même sa mort, survenue selon toute apparence de façon accidentelle. Darius, probable cousin de Cambyse, a renversé le mage avec 6 conjurés, pour régner à son tour, en prétendant restaurer la légitimité dynastique. Le débat constitutionnel qui précède son avènement chez Hérodote est fondé sur une arithmétique élémentaire opposant constamment le petit nombre, réduit jusqu’au chiffre un, un effectif un peu plus important, mais qui demeure restreint, et le grand nombre. Cette distinction se retrouve entre la monarchie, pouvoir d’un seul, l’oligarchie, pouvoir d’une minorité, et la démocratie, pouvoir du grand nombre. Les Grecs l’appliquent au champ du politique, alors que le monde indien répartissait les fonctions duméziliennes selon le même critère. L’historiographie grecque des rois mèdes et perses est fondée sur une typologie d’inspiration tout aussi tri-fonctionnelle, qui réserve à chacun d’entre eux un rôle : roi fondateur et organisateur, roi guerrier, souverain lié à la Troisième Fonction. Cette typologie n’est pas un carcan rigide, et elle s’adapte à chacun des règnes, et à chacun des monarques.
- Sommaire
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Introduction
Penser le politique en Grèce ancienne : la loi du NombreL’invention du politique
L’héritage grec
L’empire perse et les Grecs
Chapitre I
L’empire du nombreI- Le paradoxe achéménide
1- Fascination et malentendus
2- L’ordre du discours
3- Conclusion
II- La crise de 522 dans l’empire perse
1- La succession de Cyrus
2- Le partage de la souveraineté
3- La jalousie du Grand Roi
4- L’image du roi et son double
5- Physiologie de l’hubris
6- Conclusion
Chapitre II
La meilleure constitutionI- Le complot des Sept
1- Une conjuration par cooptation
2- Le débat tactique
3- Les conjurés en action
4- Conclusion
II- Le grand débat : monarchie, oligarchie, démocratie
1- Le problème de l’authenticité du débat constitutionnel
2- Éléments d’arithmétique politique
3- Conclusion
Chapitre III
La typologie de la royauté mède et perseI- Le rôle du fondateur : Déiocès, Cyrus, et Darius
1 Le roi justicier : Déiocès
2 Fondateur et conquérant : Cyrus
3 Le refondateur : Darius
II- Le roi guerrier : Phraorte, Cyaxare, Cambyse et Xerxès
1- Phraorte et Cyaxare
2- Les colères du conquérant
3- La défaite du guerrier
III- La fonction vitale et la femme fatale : Astyage, Xerxès
1- Fécondité des filles et souveraineté
2- Les errements du vaincu
Conclusion générale
Bibliographie
- Auteur(s)
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Alexandre TOURRAIXAlexandre Tourraix est professeur émérite des universités. Ses principales activités de recherche sont tournées vers la religion en Grèce ancienne et le politique, en particulier les relations politiques et culturelles entre la Grèce Ancienne et le Proche-Orient.
- Public
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L’ouvrage vise principalement la communauté scientifique, les étudiants ainsi qu’un public intéressé par les questions relatives à l’Antiquité.
- éléments téléchargeables
- Recensions et revues de presse
- Soutien(s)
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Publié avec le concours de l’Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité (UFC – EA 4011)