- Résumé
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À la fois ouvrage d’introduction à l’ensemble des approches actuelles en sociolinguistique et ouvrage novateur proposant une perspective dynamique des pratiques langagières, ce livre est destiné aux étudiants en sciences du langage et aux chercheurs en sciences sociales. Écrit à quatre mains par des spécialistes de la sociolinguistique, il montre que les transformations sociales se produisent essentiellement par le langage, et intègre les approches anglo-saxonnes aux théories de la sociolinguistique critique. Exposées à partir de cas concrets et de corpus issus des travaux de chacun des auteurs, les notions sont abordées de manière simple pour permettre au lecteur de se les réapproprier.
- Sommaire
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Partie I : Le langage comme pratique
Introduction
Chapitre 1. Sociolinguistique des pratiques langagières
A. Des praxis sociales et langagières
B. Quel objet pour la sociolinguistique politique ?
C. Les modalités de recueil et le positionnement du chercheur
D. Observer, enregistrer, filmer, transcrire
E. Quels enjeux pour une sociolinguistique politique ?
Chapitre 2. Rendre visible la parole et l’échange : enjeux théoriques et politiques
A. Une politique de la re-présentation
B. Technique d’inscription n°1 : l’enregistrement
C. Technique d’inscription n°2 : la mise en page
D. Technique d’inscription n°3 : les conventions de notation
Chapitre 3. Méthodes d’analyse : pratiques discursives, stylistiques et interlocutives
A. Pratiques discursives
B. Pratiques stylistiques
C. Pratiques interlocutives
Conclusion
Partie II : Subjectivités et idéologies
Introduction
Chapitre 1. Imaginaires linguistiques et discours épilinguistiques
A. L’imaginaire linguistique
B. Discours épilinguistiques
C. Jeu sur la frontière : politique et poétique du rythme
Chapitre 2. Idéologies linguistiques et pratiques épilinguistiques
A. Formations idéologiques et linguistic ideology
B. Pratiques épilinguistiques et archéologie discursive
Chapitre 3. Identifications élastiques
A. Subjectivité et hétérogénéité des pratiques discursives
B. Identification ethnique ou régionale
C. Identification locale
D. Identification nationale
E. Identification élastique
Conclusion
Partie III : Pratiques anthropographiques
Introduction
Chapitre 1. Une sociolinguistique anthropographique
A. La méthode ethnographique en sociolinguistique
B. De l’ethnographie à l’anthropographie…
C. L’expérience pratique d’un chercheur engagé
D. Une sociolinguistique visuelle
Chapitre 2. Sociolinguistique de la co-construction des savoirs
A. Une politique du regard et de l’écoute : qu’est-ce que le chercheur cherche ?
B. Savoir « commun » et éthique de l’engagement
C. La circulation de la parole
D. Éthique de subjectivité/éthique de scientificité
Chapitre 3. Récits de vie, biographie et subjectivité
A. Co-construction des récits : pratiques discursives et interlocutives
B. Le récit de vie, un événement de langage parmi d’autres ?
C. La place et le rôle des récits dans l’analyse sociolinguistique
Conclusion
Partie IV : Speech events
Introduction
Chapitre 1. Les speech events : entre institution et événement
A. Ordre interactionnel et propriétés situationnelles
B. Valorisation des propriétés situationnelles
C. Registre et réflexivité
Chapitre 2. Le contexte comme ressource
A. Le produit du contexte n’est-il que le contexte produit ?
B. Les différents effets de la présentation de soi
C. « L’organisation » ou quand le contexte de l’AG devient une ressource discursive
Chapitre 3. Le speech event, objet de discours
A. Des formations discursives
B. L’AG mise en discours dans les brochures militantes anarchistes/autonomes
C. Des textes qui font référence
D. Le speech event des AG, source de clivages
Conclusion
Partie V : Catégorisations
Introduction
Chapitre 1. L’ordre des catégories
A. Catégorie et catégorisation
B. « Langue des cités », une catégorie flottante
C. Mise en frontières géo-linguistiques
D. Catégoriser pour hiérarchiser
E. Catégoriser pour disqualifier
Chapitre 2. Fluctuation des catégorisations
A. La catégorisation discursive comme processus épilinguistique
B. Vivre à Grigny : contextualisation des discussions
C. Le zer, « j’peux pas t’expliquer ça comme ça »
D. Le « zer » et le « zer »…
E. L’argot dans le « zer » ou le « zer » dans l’argot
F. Des frontières renégociées sans cesse
Chapitre 3. Politique de la catégorisation
A. La catégorisation comme activité sociale
B. Différencier pour circonscrire : jouer avec le « déjà-catégorisé »
C. Figement des catégories et processus de mise en registre
D. Rapport de pouvoir : naturalisation et performativité
Conclusion
Partie VI : Espaces et historicités
Introduction
Chapitre 1. Espaces et historicité en sociolinguistique
A. Les rapports entre historicité et territoire en dialectologie
B. Territoire et historicité en sociolinguistique variationniste
C. Sociolinguistique politique de l’espace et du temps
Chapitre 2. Processus de géographisation linguistique
A. Lien entre langue et territoire
B. Langue et ethnie
C. Langue et village
D. Langue et pays
E. Géographisation et sujet parlant
Chapitre 3. Historicités discursives
A. Processus de géographisation et historicité des discours
B. Historicité des discours sur la tradition et la modernité
Conclusion
Partie VII : Inégalités
Introduction
Chapitre I. Inégalités sociolinguistiques : dominations sociales
A. Déviances, code restreint, vernaculaire noir américain
B. Bourdieu : marché et langue légitime
C. Diversité, stéréotypes et inégalités des ressources linguistiques
D. Sociolinguistique critique : praxis linguistique et inégalités sociales
Chapitre 2. La production politique des inégalités linguistiques et ses effets sociaux
A. Hiérarchies linguistiques et assujettissement à la « langue légitime »
B. « Whitiser » pour parler comme les Blancs
C. Jeu et distanciation face aux pratiques légitimes
D. L’hétérogénéité constitutive du dire face à la hiérarchie des formes
Chapitre 3. Instrumentalisation économique des langues
A. Langage et économie
B. Commodification, et instrumentalisation économique du langage
C. Marchandisation, néolibéralisme et domination
D. Le langage n’est pas qu’une marchandise…
Conclusion
Partie VIII : Pouvoir
Introduction
Chapitre 1. Rapports de forces et ordre des discours
A. Le rejet des Bulgares roms en Bulgarie
B. Ethnicisation de la pauvreté et mise en scène médiatique
C. Le déficit linguistique : la figure de l’analphabète
D. Le racisme historique et institutionnel
Chapitre 2. Retournement du stigmate et processus de resignification
A. Des discours aux actes : le contre-pouvoir des organisations non gouvernementales ?
B. L’appartenance « tsigane » : la migration comme nouveau rapport de forces
C. Plasticité des appartenances et émergence de nouvelles résistances
Chapitre 3. Sociolinguistique de l’émancipation
A. Écriture de la résistance et nouveaux agencements collectifs d’énonciation
B. « Une Romka (Tsigane) vous écrit depuis le quartier Nadejda de la ville de Sliven »
C. La multiplicité des voix : de la subjectivité collective
D. Une voie pour l’émancipation politique
Conclusion
Conclusion générale : Hétérogénéité des pratiques langagières et transformations sociales
Glossaire
Bibliographie
Table des matières
- Auteur(s)
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Cécile CANUTCécile Canut est chercheure en sociolinguistique, professeure au département de sciences du langage de l’université Paris Descartes, et réalisatrice de films documentaires. Après avoir travaillé sur les pratiques langagières et les discours en Afrique (Mali), et publié trois ouvrages majeurs sur la question (Dynamiques linguistiques au Mali, 1996, Une langue sans qualité, 2007, Le spectre identitaire. Entre langue et pouvoir au Mali, 2008), elle a dirigé le projet ANR Miprimo (La migration prise aux mots. Récits, circulation des imaginaires et dynamiques sociales dans les migrations ouest-africaines) et réalisé dans ce cadre une recherche autour des performances de femmes cap-verdiennes pratiquant le batuku qui a donné lieu à un film (L’île des femmes, 2014) et un livre (L’île des femmes. Paroles de batukaderas de l’île de Santiago (Cap-Vert), 2017). Elle se consacre actuellement à une très longue anthropographie dans un quartier emmuré (dit tsigane) à Sliven en Bulgarie qui donnera lieu à un ouvrage ainsi qu’à un film. En lien à ce travail, elle vient de publier avec Gueorgui Jetchev et Stefka Nikolova Stefanova Mise en scène des Roms en Bulgarie. Petites manipulations médiatiques ordinaires (2016). À la frontière entre la linguistique, la sociologie et l’anthropologie, Cécile Canut défend une approche complexe de la sociolinguistique, invitant à considérer les discours sur le langage (dit épilinguistiques) comme des constituants majeurs de la production du sens en interaction. Elle tisse depuis plusieurs années (en France et aux États-Unis) un dialogue avec des anthropologues, des sociologues, des politologues, ou encore des psychanalystes. La volonté d’écrire un ouvrage destiné à l’ensemble des chercheurs en sciences sociales afin que le langage soit mieux pris en compte dans les analyses, s’est transformée en une aventure collective très fructueuse avec trois chercheurs impliqués dans cette perspective.
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www.univ-paris5.academia.eduFélix DANOSFélix Danos est doctorant en sociolinguistique à l’université Paris Descartes, au laboratoire CERLIS. Après avoir travaillé sur les discours épilinguistiques de jeunes issus de la banlieue parisienne (Grigny, Essonne), il travaille à présent dans une région rurale du département de l’Allier (Montagne bourbonnaise) où il s’intéresse à la construction discursive du lien entre des catégories épilinguistiques (« patois » et « français ») et un territoire tel qu’il est mis en récit et qualifié dans l’espace et dans le temps. Son approche ethnographique l’amène à s’interroger sur la place du chercheur en sociolinguistique dans la construction d’un rapport entre des pratiques langagières, des espaces et des temporalités dits « ruraux » et les implications politiques de la mise en opposition entre un centre urbain et des périphéries rurales en devenir. Il est en cours de rédaction de sa thèse sous la direction de Cécile Canut. Depuis 2015, il organise et anime avec Suzie Telep et Manon Him-Aquilli le séminaire Critiques sociales du langage à la Sorbonne, où ils explorent à travers des séances thématiques la convergence entre sciences du langage et sciences sociales, avec une perspective de recherche politisée et critique.
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www.univ-paris5.academia.eduManon HIM-AQUILIManon Him-Aquilli est doctorante en sociolinguistique sous la co-direction de Patricia Von Münchow (EDA) et de Cécile Canut (CERLIS) à l’université Paris Descartes. Sa recherche porte sur une forme particulière de démocratie directe : l’assemblée générale de lutte dans le cadre du militantisme anarchiste ou autonome. À partir de ce speech event (Hymes), elle cherche à comprendre l’institutionnalisation, puis le réinvestissement en situation, de manières de parler ensemble. Faisant dialoguer les sciences du langage et les sciences sociales, elle pose ainsi l’assemblée générale à la fois comme objet de discours et comme espace de valorisation des discours, comme cadre de négociations interactionnelles et comme évènement langagier saturé d’enjeux socio-historiques. Elle co-anime par ailleurs le séminaire doctoral Critiques sociales du langage avec Félix Danos et Suzie Telep.
www.cerlis.eu
www.independent.academia.eduCaroline PANISCaroline Panis est docteur en sciences du langage, chercheure associée au CERLIS. Elle a été ATER à l’université Paris Descartes (2014-2015) et à Aix-Marseille Université (2017). Ses recherches articulent la sociolinguistique et l’analyse du discours en étudiant la parole en interaction, abordée comme une pratique sociale. Elle a travaillé, pour sa thèse de doctorat (soutenue en 2014), sur la construction et la renégociation interactionnelle des identifications discursives au Burkina Faso, et la fluctuation des positionnements subjectifs qu’elle entraîne. Ce travail a donné lieu à la publication prochaine de l’ouvrage La construction discursive des identités au Burkina Faso. Depuis 2012, en tant que collaboratrice et assistante scientifique du projet ANR Miprimo (La migration prise aux mots. Récits, circulation des imaginaires et dynamiques sociales dans les migrations ouest-africaines) avec Cécile Canut, Caroline Panis développe un nouveau projet de recherche sur la circulation des récits de migration ouest-africaine sur l’île de Sal au Cap-Vert, en relation aux imaginaires migratoires, à l’insularité, et aux discours sur la vente d’objets d’ « art africain ». Dans la continuité de ce travail, elle a en outre organisé en 2015 le colloque La migration au Cap-Vert : terra longe ou nouvel eldorado ?
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Étudiants en sciences humaines et sociales ; chercheurs en sciences sociales
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CERLIS (Centre de Recherche sur les Liens Sociaux) – UMR 8070 (Université Paris-Descartes – CNRS – Université Paris 3)